L’orgue fait danser la cathédrale. Dans une cathédrale, seule la musique ancienne aurait le droit de résonner. Un bâtiment saint ne pourrait pas accueillir les mouvements de danseuses. En voilà un paquet d’idées reçues! Celles-ci ne devraient pas faire long feu, lundi soir, à la cathédrale Saint-Pierre. Tant qu’à bousculer les codes, Khrystyna Polyanska n’a pas fait les choses à moitié.
Danseuse, étudiante en management à l’université de La Rochelle, Saintaise depuis deux ans, elle a eu l’idée folle de monter un spectacle de danse au son de l’orgue, au centre de la cathédrale Saint-Pierre. Ce projet s’inscrit dans son cursus universitaire.
Une autre étudiante, Soline Rodier, s’est jointe à elle. Cette envie n’est pas sortie toute seule de leur chapeau.
Cédric Burgelin, organiste de la ville de Saintes et vice-président de l’Association pour l’animation du patrimoine collectif des orgues de Saintes (Apcos), y a beaucoup contribué. Khrystyna m’a parlé de son projet d’école et tout s’est enchaîné.
Des écoles de danse ont été sollicitées, trois Saintaises ont répondu présent. Une école de Clermont-Ferrand a également souhaité participer ainsi que deux compagnies de danse, une de la région de Dax et l’autre de Zurich.
Les chorégraphes ont eu six mois pour travailler à l’aide d’un CD enregistré par Cédric Burgelin. Cela va être une journée très chargée!
Avant les prestations de chacun, l’Atelier du patrimoine animera une conférence sur l’histoire du lieu. «C’est un événement qui peut attirer à la fois les amateurs de patrimoine, de musique et de danse», souligne Khrystyna Polyanska.
Le père Cassegrain, curé doyen de Saintes, a soutenu ce spectacle au sein de la cathédrale dès le début. Les danseuses, elles, ont conscience du lieu dans lequel elles vont s’exprimer et l’ont respecté.
Toutes danseront sur un répertoire très riche à travers les plus beaux chefs-d’oeuvre pour orgue, de Mozart à Bach, en passant également par Peterson, plus contemporain, plus jazz.
C’est intéressant de découvrir l’orgue dans ce registre où on l’attend moins. Le clou du spectacle viendra avec un morceau très contemporain.
Une pièce unique, composée par un artiste saintongeais, aujourd’hui installé à Paris, Pascal Garnichat. C’est un compositeur talentueux, très humble.
Le final devrait rester dans les mémoires ; sur cette composition contemporaine, une danseuse de la compagnie allemande Fluoressenz viendra improviser une chorégraphie.
Elle s’inspirera des mouvements de Cédric Burgelin, perché en hauteur sur son instrument, invisible du public, mais filmé et projeté sur grand écran.
Cette date s’inscrit dans la Journée de l’orgue en France, du 10 au 12 mai. Concert spectacle à la cathédrale Saint-Pierre de Saintes, lundi 12 mai à partir de 20 h, entrée gratuite, avec une conférence de l’Atelier du patrimoine.
Résumé art Emmanuelle Chiron de Sudouest