Les confessions d’un élu. Maire de Ternant depuis 1995, président de la Communauté de communes (CdC) du canton de Saint-Jean-d Angély depuis 2001, Francis Forgeard-Grignon a annoncé au printemps dernier qu’il stopperait toute activité politique en 2014. C’est rare un politique qui arrête de son propre chef. Vous aviez peur du combat de trop? Il faut être honnête, avec le temps, il y a eu une certaine usure. Au bout d’un certain nombre d’années, on est à court d’arguments, d’idées.
J’avais besoin de repartir sur de nouveaux projets. J’ai vu certains maires rester trente ou quarante ans à la tête de leur commune.
Il peut y avoir trop de mimétisme entre le maire et sa commune. J’aime bien vivre tout ce que je fais.
Aujourd’hui, je suis comme le gars qui gagne tout le temps au loto… À un moment, il finit par perdre.
Je n’ai que des souvenirs positifs et je veux repartir sur autre chose. La découverte du monde humanitaire a été importante pour moi.
Mon énergie, désormais, je vais la consacrer à des gens qui ont fortement besoin d’aide, au Vietnam. Ma famille s’est engagée à mes côtés et cela me redonne une énergie incroyable.
Depuis 2010, je suis impliqué dans l’association Poussières de vie. Je suis allé en outre donner un coup de main à la tribu Jaraï. J’ai dû faire 10 voyages en trois ans.
Et je vais aussi poursuivre mes activités de conseil agricole, à Madagascar notamment.
Le temps politique est-il compatible avec la vision du chef d’entreprise que vous êtes? Effectivement, c’est lourd mais on ne peut pas faire autrement.
Au début, on hurle, on tape du poing sur la table et l’on se rend compte qu’en France c’est comme ça. Dans d’autres pays, c’est la corruption.
J’ai vécu en Roumanie avec la corruption. Dans certains pays asiatiques, c’est aussi le cas. Je préfère le lent que le corrompu.
Avez-vous plus reçu de coups que vous n’en avez donnés en politique? Je ne suis pas capable de faire ce bilan. Je n’ai pas été trop politisé. À l’exception de 2004, où on m’a demandé de me présenter aux élections cantonales. C’était sûrement une erreur parce que j’étais persuadé que Jean-Yves Martin gagnerait.
Ce qui m’a le plus gêné, c’est qu’après on m’a catalogué politiquement.
Je pense que la France a perdu des valeurs fondamentales, notamment la relation avec le travail : une valeur ajoutée pour notre pays.
résumé art Philippe Brégowy de Sudouest