Au milieu se dresse une centrale nucléaire.Vendredi 30 août 2013 : Philippe Martin, Ministre de l’Ecologie, préside la signature du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux de l’estuaire de la Gironde et des milieux associés) qui va réglementer la gestion des zones estuariennes, en Gironde et en Charente-Maritime.Ce projet est censé permettre, entre autres, une meilleure protection de l’environnement dans toute cette région magnifique, avec ses marais et ses petits ports.
Tout devrait donc aller pour le mieux.Comment alors expliquer les réactions indignées et la révolte des élus de Haute-Saintonge, vent debout contre ce projet?
C’est que le SAGE, ainsi que l’ont voulu ses rédacteurs, prétend légiférer dans le domaine complexe des risques d’inondation, et qu’il le fait de manière unilatérale, préoccupé essentiellement des risques au niveau de l’agglomération bordelaise, sans la moindre considération pour les habitants des rives, depuis Bordeaux jusqu’à l’embouchure à Royan.
Pire : afin de préserver Bordeaux (ce qu’il est normal et impératif de faire, bien évidemment), le SAGE préconise de transformer en «zone d’expansion des crues» la plus grande partie des régions estuariennes de la rive droite, depuis le Blayais jusqu’à Meschers-sur-Gironde en Charente-Maritime.
Si vous avez la curiosité de regarder sur une carte, vous pourrez constater l’étendue du désastre ainsi programmé.
Elle s’appuie sur un principe, valable en zone fluviale, mais erroné en zone estuarienne, le principe d’interdépendance, qui veut que créer des zones de «surinondation» à proximité de périmètres à protéger en amont abaisserait suffisamment le niveau des eaux dans ces périmètres.
Or, de l’aveu même d’un technicien travaillant sur l’outil informatique de référence mis en place ces dernières années, laisser les eaux envahir les marais au nord de Bordeaux (donc, en aval) abaisserait l’inondation dans la ville de 1 à 3 cm!
Mais qu’importe, les technocrates et les politiques à l’oeuvre n’en ont cure et, en dépit des protestations, argumentaires sur les registres d’enquête d’utilité publique, réunions et autres manifestations qui se sont succédés depuis près de trois ans, ils ont persisté et signé ce projet qui condamne à la mort certaine des pans entiers du territoire.
A ce titre ils représentent l’inventaire d’un passé, d’une histoire et de traditions auxquelles nous sommes tous attachés, ils sont désormais entrés dans un patrimoine régional qu’il faut sauvegarder.
Le sort des populations, en effet, n’est absolument pas envisagé dans le texte du SAGE, à croire quand on le parcourt que les paysans vivant dans le marais et les habitants des petits ports n’existent pas.
Vu de Paris, c’est à s’y méprendre.
Cet «oubli», à lui tout seul, est suffisamment grave pour qu’on s’en émeuve : que penser d’un projet de loi qui, loin de mettre en oeuvre les protections indispensables à la survie des populations, leur interdit au contraire d’effectuer les travaux nécessaires de rehaussement ou de construction des digues sous peine d’amende, afin qu’elles subissent l’inondation prévue pour elles ?D’un projet de loi qui, dans sa bêtise, programme la pollution par l’eau de mer des sources situées en amont des petites rivières qui se jettent dans l’estuaire?
Mais voici le pire : Devinez ce qui se trouve au beau milieu de la «zone d’expansion des crues»? La centrale nucléaire du Blayais ! Après la tempête de 1999, nous avions appris, stupéfaits, que nous étions passés à un cheveu de la catastrophe à cause, précisément, de l’inondation. Que croyez-vous que nos inspirés rédacteurs du projet en pensent?
Jusque-là , seule la presse locale s’est fait l’écho de ce problème.Ne croyons pas qu’il s’agisse d’un cas isolé de l’ordre de l’anecdotique. Source