Il se bat pour son ponton

Trois ans après son passage, la tempête Xynthia n’a pas fini de faire des malheureux.Les pontons à carrelet, image d’Épinal de la côte charentaise, avaient été détruits à 60 % par la déferlante du dernier jour de février.Le secteur Angoulins-Châtelaillon, où la famille de Julien Clément a construit le sien, a fait partie des plus touchés, mais le ménage sur ces deux communes ne va être terminé que dans les semaines qui viennent.

«La plupart des gens qui possèdent des carrelets dans ce secteur ont été soulagés d’apprendre que le coût de la destruction serait pris en charge par la préfecture», concède le jeune homme.

Sur le nôtre, la cabane a été emportée en 2010 mais le ponton est en excellent état.

Les pontons à carrelet font rêver, et pourtant : «Une vingtaine d’emplacements sur les 518 que compte le département sont disponibles et ne trouvent pas preneurs», selon Anthony Vélot, de la DDTM.

Les commissions d’attribution sont annoncées sur le site de la préfecture et dans les mairies concernées.

Une fois désigné amodiataire par l’administration, le candidat doit s’acquitter d’une redevance d’occupation du domaine public maritime, environ 200 euros par an, et acheter le ponton à carrelet qui occupe l’emplacement à son ancien propriétaire, ce qui va de quelques milliers d’euros jusqu’à 50 000 euros pour les plus confortables.

Il fait pourtant partie des embâcles (obstacles à l’écoulement des eaux) que la Direction des territoires et de la mer (DDTM) veut faire disparaître lors de la campagne de travaux qui doit débuter aujourd’hui et durer jusqu’au 15 juin, parce qu’ils «présentent un risque pour eux-mêmes ou les enjeux arrière», entendez l’écluse des marais et la voie ferrée situées à proximité.

L’affaire n’est pas nouvelle puisque les premiers courriers de la DDTM aux amodiataires d’Angoulins et de Châtelaillon sont datés de 2011, mais Julien Clément avait été rassuré par la préfète en personne, lors d’une réunion sur la question en septembre 2012.

Je n’ai donc fait aucun recours devant le tribunal administratif, ce que je regrette aujourd’hui.

L’administration justifie sa décision par une étude réalisée en début d’année par le bureau spécialisé Egis Eau, qui épargne trois autres carrelets, situés 100 mètres plus au nord sur la même plage, au motif qu’ils sont «en bon état», ce que la famille Clément ne comprend pas.

«Ces trois carrelets n’ont pas été endommagés par la tempête, au contraire de ceux qui vont être détruits», explique le responsable de l’unité de gestion du domaine public maritime à la DDTM, Anthony Vélot.

Pour ceux qui ont été endommagés, nous préférons que leurs propriétaires investissent dans des zones où il n’y a pas de risque.

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