Soixante secondes d’un rugissement à vous réveiller un mort le midi de chaque premier mercredi du mois. Plus qu’une assourdissante habitude, une véritable madeleine de Proust au coeur des trois générations de Français nées après la Seconde Guerre mondiale. Faute de maintenance, c’est pourtant une bonne partie de ces 4 500 sirènes d’alerte que l’on recense aujourd’hui muettes à travers la France.
Car tandis que France Télécom assurait depuis des lustres l’entretien informatique de ce réseau RNA (Réseau national d’alerte), le groupe, privatisé en 2004, refuse depuis un an et demi d’assumer ce qu’il considère comme un simple héritage moral.
«À Rochefort, nous n’en avons plus que deux sur quatre qui fonctionnent, et même pas celle du centre-ville, installée sur le toit du théâtre», regrette ainsi Alain Papillon, le directeur des services techniques de cette sous-préfecture de 25 000 habitants.
Nous avons plusieurs fois relancé par courrier la préfecture, en vain.
Mais si le chant des sirènes ressemble plus aujourd’hui à celui du cygne, faut-il encore se poser la question de sa pertinence à l’heure de l’Internet généralisé et des médias en continu.
«C’est vrai que tout le monde en a oublié la signification», reconnaît Alain Papillon.