Exploitation sinistrée, mais avec vue sur la mer. Cerné par les eaux calmes qui submergent les 135 hectares de son exploitation, il tente, malgré la fatigue, de faire bonne figure. Et de positiver : son malheur n’est que matériel, et il lui reste ses 50 vaches allaitantes, qui ruminent mollement dans la stabulation, les flancs crasseux.
Baignées dans l’eau de mer, ses cultures de printemps (25 ha de blé dur, 15 ha de blé tendre et 5 ha d’orge) sont fichues.
Inondées dans ses hangars, ses réserves de paille et de fourrage ressembleront bientôt à du fumier en ficelle.
Et les quatre tonnes de granulés qu’il avait eu la bonne idée de rentrer il y a peu forment désormais un agglomérat pâteux, bon à donner aux seuls poissons.
Hier soir, Claude Manceau préférait ne pas s’encombrer de perspectives, plus noires les unes que les autres.
Tout juste espérait-il une mobilisation générale pour assurer un pompage le plus rapide possible des eaux.
À quelques kilomètres de là , Hugues Benoit espère aussi un rapide pompage des eaux.
Il n’habite plus une île, mais une presqu île.
Depuis des années, les digues se tassent, se détériorent.
La colère froide d’Hugues Benoit n’est sans doute pas prête de retomber.Source